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Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/111

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— Est-ce que vous êtes ici pour arrêter les voleurs ?

— Pourquoi cela, garçon ? interrogea le préposé en tâtant sommairement sa blouse.

— Parce que m’est avis que vous avez dû voir passer notre voleur.

Le préposé demanda, éveillé aux trois quarts cette fois, par la curiosité :

— Quel voleur ?

— Le mirliflor qui a emporté le beau bréviaire tout neuf de M. le curé, donc !

— Est-ce bien possible ! s’écria l’homme de l’octroi : comme tout se trouve !

Il dit cela d’un ton tel que la sueur en vint aux tempes de William et de Bobby. Leurs cœurs battirent. Ils dirent à la fois :

— Vous l’avez saisi ?

— Ça ne paye pas de droits, répondit le préposé avec fierté, et je ne suis pas un gendarme.

— Quelle heure était-il quand il est passé ? interrogea tristement William.

— Une heure après minuit… et je dis qu’il doit être loin, s’il court encore !

Ce matin-là une vieille pauvresse prit position dans la rue de Courty, non loin de la petite maison habitée par M. d’Arnheim, et un mendiant inconnu s’établit sur une borne, en face de la maison opulente habitée par Mme la princesse de Montfort. Ceci, bien longtemps avant qu’il ne fît jour chez Mme la princesse, dont le sommeil se prolongeait en raison des émotions et des fatigues de la nuit précédente.

Sa première parole, en s’éveillant, fut pour s’enquérir de Gaston.

M. le marquis, lui répondit sa femme de chambre, s’est déjà présenté trois fois pour parler à Mme la princesse.

— Faites-le prévenir, Justine. Je me sens faible et