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Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/116

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pires d’hier et dans ces sottes fantasmagories ?… Que ne me parlez-vous d’épouser Peau d’Âne, ou la Belle au bois dormant ?… Finissons, monsieur le marquis, ou vous me feriez croire que votre intelligence est décidément ébranlée.

— Madame, prononça Gaston sans se presser, la Hongrie n’est pas le pays des fées. Notre cousin Camille, prince de Guéménée et de Rochefort, a épousé précisément, cette année, la princesse de Wertheim-Rosemberg, et nous descendons nous-mêmes des anciens rois de Hongrie par Charlotte de Croy-d’Havré, ma bisaïeule paternelle.

La princesse prit son flacon, l’ouvrit, le referma, puis le rouvrit pour le refermer encore. En toutes contrées où il y a des flacons, ces façons d’agir annoncent l’agonie de la patience.

— Je suppose, poursuivit le marquis avec un redoublement d’aménité, qu’un faiseur de contes fantastiques, honnête homme ou bandit, prenne le nom de Montfort que vous portez si bien, ma mère, pour l’introduire dans un récit comme celui que nous avons entendu hier. Cela vous empêcherait-il d’être à la tête de la noblesse française ? Ce n’est pas, madame, auprès de M. d’Altenheimer, quel que soit son nom, que j’ai pris mes renseignements, je vous conjure de le croire. Je vous parle sérieusement de choses sérieuses, et je viens vous prier de vouloir bien adresser, en mon nom, à M. le prince Jacobyi la demande de la main de sa fille.

Si la princesse avait été debout, elle fût tombée de son haut.

— Ceci passe les bornes, monsieur le marquis ! dit-elle en se redressant.

Puis elle ajouta d’un ton sarcastique.

— Et dans quelle partie du monde faudrait-il adresser à cet Œdipe la lettre qui sollicite la main de son Antigone ?