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Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/138

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Elles avaient appelé pendant deux fois quarante-huit heures !

Le monceau de matières combustibles était haut maintenant comme une maison de deux étages. David Kuntz y mit le feu qui brûla, puis couva pendant trois jours.

La terre et le marbre des tombes mirent trois jours encore à refroidir.

Ce fut donc le septième jour après l’incendie que David Kuntz put retirer les roches et soulever le marbre des tombes. Il trouva à l’intérieur deux corps humains, — un grand et un petit — qui avaient conservé leur forme, bien qu’ils fussent couleur de charbon. Il voulut les toucher : les deux corps tombèrent en poussière…

— Et depuis ce moment, ajouta la princesse, vous comprenez bien, on n’entendit plus parler jamais des frères Ténèbre !

Comme elle achevait, M. le préfet de police entra, suivi de Gaston et de son beau-père, le prince Jacobyi. Le prince était soucieux ; Gaston avait au front une pâleur mortelle.

— Mesdames, demanda le préfet de police, avez-vous souvenir de ces deux audacieux bandits qui, l’année dernière, à pareille époque, pillèrent la quête de monseigneur ?

Cette question tombait si étrangement après le récit de Lénor, qu’elle fut accueillie par un grand silence.

— Ils poursuivent le cours de leurs exploits, continua le préfet d’un ton léger ; voici le Journal de la Haye qui raconte leur dernier tour de force : les diamants d’Anne Haulowna, princesse royale et princesse d’Orange, enlevés en plein jour, et à la place de l’écrin, une carte de visite : une vieille estampe flamande, représentant deux hommes, — un grand et un petit, — le grand couvert d’une armure, le petit vêtu d’une robe doctorale. Sous le premier, ces mots : le chevalier