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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/138

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avare n’aurait pu accumuler tant d’éclats sinistres et superbes dans une pareille nuit.

L’œil, éperdu d’abord, s’accoutumait à ces ténèbres, comme si le spectateur eût été réellement captif entre les quatre murailles et comme si la voûte humide eût pesé sur son crâne.

L’ivresse naissait. On enfonçait jusqu’aux genoux dans ce sol sonore et mobile tout composé de quadruples, de piastres, de sequins où nageaient, comme les goémons et les coquilles tapissent le fond de la mer, des colliers de perles d’un prix inestimable, des bracelets, des bagues, des rivières et des diadèmes.

Irène avait raison, c’était beau.

Deux créatures humaines animaient cette orgie où l’ombre enivrait la lumière et créait un mirage véritablement diabolique. Au milieu de ces perspectives d’or sans limites ni bornes et que la nuit semblait multiplier jusqu’à l’impossible, deux hommes vivaient, l’un debout, l’autre terrassé.

Le premier, jeune, beau : une figure imberbe, ayant la blancheur — et la dureté du marbre.

Le second, arrivé aux plus extrêmes frontières de la vieillesse.

Le jeune avait à la main un couteau sanglant.

Le vieux portait au cou une large entaille, sanglante aussi.

Le jeune homme venait évidemment de frapper le vieillard. Cependant, celui-ci, et c’était l’énigme