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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/150

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Un éclat de rire argentin retentit sous le voile et Vénus répéta du bout des lèvres :

— Qui sait ? Dites-moi tout. Mais tout !

— Ma foi, répondit Reynier gaiement, vous avez bien raison de rire. Il m’a passé une idée d’enfant trouvé. Vous ne pouvez être ma mère, mais j’ai rêvé tout à coup de quelque charmante sœur quittant palais et château pour courir après son ancien petit frère, devenu un grand diable de rapin. Je vous dirai tout, et cela meublera nos séances… car vous reviendrez, n’est-ce pas ?

— Dix fois s’il le faut, cher frère, répliqua Vénus. Allez !

Et Reynier se mit à raconter son enfance errante dans la campagne de Trieste et dans l’Italie autrichienne ; le hasard de sa rencontre avec Vincent, les bontés de la première Irène, Mme Carpentier, qui se mourait belle et douce comme un ange ; le dévouement religieux qui était né en lui pour l’autre Irène, celle qui était maintenant une adorable jeune fille et qu’il appelait sa fiancée.

Vénus écoutait avec une attention soutenue. Elle faisait parfois des questions.

Elle essaya surtout d’obtenir des détails sur la vie de Vincent Carpentier au temps de sa misère et sur les rapports, si avantageux pour lui, qu’il avait noués avec le colonel Bozzo-Corona.

À cet égard, Reynier ne pouvait pas lui fournir