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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/185

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Tout à coup, il me demanda :

— Êtes-vous noble, l’enfant ?

Sur ma réponse négative, il ajouta :

— Connaissez-vous le comte Julian ?

Je répondis non pour la seconde fois. La vieille Bamboche avait déjà prononcé ce nom. Le marchef reprit après un silence :

— C’est ici, comme ailleurs, les chemins sont à tout le monde. Le mieux pour vous, ce serait de ne jamais vous rapprocher de l’endroit où vous avez passé le commencement de cette nuit, et de couper un peu votre langue sur ce que vous avez entendu et vu.

Il s’arrêta court. Au devant de nous, dans la nuit, on distinguait les abords d’une ville.

Il me laissa glisser par terre au milieu de la route, et fit volter son cheval fumant.

Avant de s’éloigner, pourtant, il me dit encore :

— Ceci est la cité de Sartène, où il y a des auberges comme à Pantin-la-Galette. Le mouvement vous aura rendu assez de jambes pour faire les cent pas qui vous séparent du prochain bouchon. Bonne nuit… Ha ! Cagnotto ! vache maigre !

Sa gaule toucha les oreilles du pauvre cheval, et disparut au galop.