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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/201

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teur le temps de riposter ; mais celui-ci garda le silence.

— Vous, par exemple, reprit-elle, vous étiez une victime du sort avant d’en devenir le favori. Croirait-on que votre main, si bien gantée, maniait journellement la truelle, et que vous mettiez une semaine entière à gagner le prix d’un de vos dîners actuels au café Anglais ? Il est vrai que vous mangiez alors de bon appétit le chanteau de pain coupé qu’on porte sous le bras avec l’angle de fromage, tandis que maintenant vous faites la grimace aux salmis truffés et aux primeurs. On calomnie la misère, cher monsieur ; elle a de grandes qualités pour l’estomac et aussi pour la tête.

Comme vous étiez tranquille alors ! comme on vous aurait étonné en vous disant que vous gagneriez le gros lot à la loterie du succès, et qu’aussitôt le gros lot gagné, une maladie se glisserait dans votre cervelle : la maladie des heureux, qui consiste à remuer ciel et terre pour trouver un moyen de se casser le cou !

Second arrêt. Cette fois Vincent demanda :

— Me ferez-vous la grâce de conclure ?

— Indubitablement, répondit la dame voilée, le métier de maçon n’était pas fait pour vous qui avez du talent, de l’éducation et même une certaine élégance ; mais vous n’en seriez pas moins resté maçon sans le gros lot. Le gros lot, ce fut la rencontre du co-