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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/203

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— Qui êtes-vous ? dit brusquement l’architecte, je veux le savoir !

Son accent était impérieux, presque menaçant.

L’inconnue releva son voile d’un geste rapide, découvrant ainsi un visage dont tout Paris admirait alors l’éclatante beauté.

— La comtesse de Clare ! balbutia Carpentier, Marguerite !

Il ajouta, comme en se parlant à lui-même :

— Je m’en doutais !

— Au théâtre, dit-elle en ricanant, nous appelions cela « rater son coup de tampon. » Vous voilà bien bas, Vincent, mon pauvre ami !

Ses grands yeux qui étaient, quand elle voulait, purs comme ceux d’une madone, avaient maintenant, de parti pris, un regard effronté.

— J’ai monté sur les planches, poursuivit-elle, comme vous avez grimpé sur les échafaudages. Mes joues ont eu autant de plâtre que vos mains. Voyez s’il y paraît ! Il ne manque pas de gens pour faire ma biographie : Marguerite Sadoulas dans les théâtres de province (on la sifflait celle-là !), Marguerite de Bourgogne dans le quartier Latin, à Paris (celle-là, on l’adorait déjà), puis la comtesse Marguerite de Clare, applaudie partout et partout respectée sur cette scène qui a nom le grand monde.

Il y eut un silence.

— Vous m’avez connue étudiante, cher M. Vin-