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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/217

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La sueur froide baignait ses tempes. Il était en proie à une détresse inexprimable.

Pendant une ou deux minutes, il resta haletant et comme suffoqué.

— Cette femme ! s’écria-t-il tout à coup ; Marguerite ! Elle n’est pas seule, elle me l’a presque dit, et je l’avais deviné, puisque je faisais épier sa maison. Combien sont-ils autour de la proie ? Combien sommes-nous de loups ? Pendant que je l’épiais, elle m’épiait. Et comme elle est plus riche, elle a mieux vu ou du moins plus vite. Elle m’a proposé de partager, c’est un piège ; devant la porte de ce temple infernal, ou ne partage pas, on tue !

Une idée parut le galvaniser tout à coup.

— Cette femme n’est rien auprès de lui ! dit-il. Elle n’est pas même aussi avancée que moi. Elle ne pourrait pas mettre le doigt sur ce point rouge et dire ; C’est là ! Si j’allais à lui, ce mourant, plus fort qu’Hercule, et si je lui dénonçais les projets de la comtesse Marguerite…

Il s’interrompit en un rire douloureux.

— Mon motif pour agir ainsi ? Mon prétexte vis-à-vis de lui ? Mon excuse ? Quel droit puis-je mettre en avant ? Le colonel m’a ordonné d’oublier. Le seul fait de m’être souvenu serait une trahison. Je ne sortirais pas vivant de l’hôtel Bozzo.

« Tu t’intéresses donc bien à ma tirelire, bonhomme ? » C’est comme si je l’entendais me railler