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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/29

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Vincent le regarda et eut presque un sourire.

— Sur mon honneur aussi, murmura-t-il, comme s’il eût voulu répondre à quelque scrupule de sa conscience, je crois que vous avez de bons desseins.

— Allons, merci ! fit le colonel en posant le premier double de soie sur les yeux de son compagnon, vous avez l’obligeance de ne pas me croire un coquin. C’est déjà quelque chose. Ne bougez pas. J’ai connu le grand-père de Mme la duchesse de Berry quand je demeurais à Naples. La voilà qui s’est mise dans un bel embarras !

Vincent fit un mouvement. Toute la France s’occupait alors de la veuve du duc de Berry qui fuyait traquée par la police de son oncle Louis-Philippe, après sa malheureuse tentative en Vendée.

— Ne bougez pas, répéta le colonel. Les révolutions sont de drôles de mécaniques. Louis-Philippe ou ses fils conspireront à leur tour dans quinze ou vingt ans. Moi, j’aimerais mieux être sur le siège d’un fiacre comme notre cocher que de m’asseoir sur le trône. C’est la misère. Et pourtant, combien de gens se damnent pour avoir cette place-là ! Je parie que vous n’y voyez déjà plus.

— Plus du tout, répondit Vincent.

— C’est égal, je vais utiliser le restant de ma soie.

Depuis que Carpentier était aveuglé par son ban-