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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/306

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Il restait à la place même où ses porteurs l’avaient jeté, comme un fardeau inerte, auprès du rideau qui se relevait à la partie gauche de l’alcôve.

Il y avait un espace assez large entre le lit et le plan où tombaient les rideaux.

Vincent était un peu en dedans de ce plan, et si les rideaux n’eussent point été maintenus par l’embrasse, il se serait trouvé caché derrière leurs plis.

Nous indiquerons plus exactement encore sa position en disant que tout à l’heure, le colonel avait été obligé de repousser un peu sa tête pour ne la point blesser en dérangeant le lit.

Ces détails sont nécessaires à l’intelligence de l’étrange scène qui va suivre.

Le colonel regardait la porte. Il n’y a point de mots pour peindre la détresse inouïe qui l’écrasait.

Il avait évidemment oublié la présence de son compagnon.

Il balbutia d’une voix piteuse, avec des sanglots d’enfant battu :

— C’est la fin ! Personne ne me défendra. Il est entre moi et ceux qui pourraient me défendre. Je vais mourir… Je n’ai pas peur de mourir… Mais mon bien, mon bien, mon bien !…

Ses mains se tordirent en rendant le bruit sec des osselets qu’on remue.