Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/316

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— C’est vrai. Et il mentait en disant cela.

— En tuant votre père, poursuivit le comte Julian, vous fîtes bien. C’est notre loi, c’était votre droit. Votre père mourant mentit, en effet, ou du moins se trompa, car votre fils, qui était mon père, au lieu de vous tuer, fut tué par vous.

— C’est vrai, c’était mon droit : c’est notre loi.

— Vous fîtes bien. Mon frère, le marquis Coriolan, avait juste six ans plus que moi, et voilà juste six ans qu’il mourut sous vos coups.

— C’est vrai.

— Quand vous eûtes frappé votre père, il vous remit la clef du trésor.

— C’était son devoir. Il le fit.

— Aïeul, votre devoir sera de me remettre cette clef.

— Quand vous m’aurez frappé, mon fils.

Il y avait autour des lèvres du vieillard un étrange sourire.

Il ajouta :

— Seulement, je savais où était la porte que la clef devait ouvrir.

Derrière son rideau, Vincent respira fortement.

Il attendit avec une anxiété indicible la réponse du comte Julian.

Il ne raisonnait pas, c’est à peine si l’on peut dire qu’il pensât, tant était tumultueux le bouleversement de sa cervelle.