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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/319

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bruit sec d’un poinçon qui traverse une feuille de parchemin.

La figure du colonel ne changea pas.

Il resta debout pendant l’espace d’une seconde.

Puis il s’affaissa sur lui-même, formant une pauvre masse, agitée de faibles tressaillements.

Sa main, qui s’ouvrait à demi, laissa voir une clé. Il dit d’une voix à peine intelligible :

— Tu as bien fait. J’ai fait comme toi. Mon père avait fait comme moi : c’est notre loi. Mais je te hais !

Julian desserra ses doigts pour prendre la clé. Le colonel essaya de parler encore. Il ne put.

L’agonie le tenait.

Sur un signe de lui, Julian se pencha, espérant une révélation. Son attente ne fut pas trompée.

Son oreille, qu’il colla aux lèvres du mourant, perçut ces mots, exhalés avec le dernier râle :

— Vincent Carpentier n’est pas mort !

Vincent ne put saisir ces paroles, mais il les devina peut-être, car ses doigts étreignirent avec plus de force le manche du couteau qu’il tenait à la main.

Il avait tout vu par un étroit interstice du rideau.

Malgré les liens qui l’entravaient, il comptait vendre chèrement sa vie.

L’horreur de ce spectacle si bizarre dans son atro-