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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/333

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— Il est jeune, il est fort ; tout mon corps est brisé, mes membres sont meurtris, je ne suis pas moi-même. Je me défendrai, s’il le faut, je n’attaquerai pas. On peut risquer sa vie, mais risquer ce trésor ! C’est un duel sans pardon ni pitié. J’ai le droit de choisir mon heure, et mon terrain… Ici, d’ailleurs, en tuant, j’endosserais la responsabilité du premier crime. J’aurais deux cadavres sur les bras, sans garder comme lui la ressource de ce déguisement qui le fait maître de la maison et chef d’une association puissante, — si toutefois ce déguisement est une chose possible : nous allons voir !

Il n’acheva pas ces derniers mots et l’étonnement faillit lui arracher un cri.

Le comte Julian venait de se retourner et lui montrait, non plus son visage, mais celui du colonel Bozzo.

L’illusion eût été complète sans la proximité du mort lui-même dont les traits se voyaient dans la glace.

Et malgré cette proximité, la copie ressemblait si parfaitement à l’original que Vincent resta comme abasourdi.

Le comte Julian s’était retourné parce qu’il n’avait accompli que la première partie de sa tâche.

Pour l’achever, il reprit le mort dans ses bras et l’étendit tout de son long sur le parquet.