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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/342

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dans l’intérêt d’un récit héroïque où apparaissait, couronné d’une auréole douloureuse, l’héritier des gloires et des malheurs d’une grande race déchue :

Le comte Julian, bien entendu.

Son frère, à elle, son jeune frère, beau, vaillant, généreux, persécuté.

Toujours persécutés, ces gaillards-là ! C’est leur clé pour forcer les serrures des cœurs et des coffres.

La jeune imagination d’Irène ne demanda pas mieux que de voyager, dans ces contrées nouvelles, ouvertes à ses rêves.

Elle eût voulu passionnément combattre pour l’héritier infortuné de tant de grandeurs.

Le comte Julian lui apparaissait dans un nimbe romanesque, fait de cette vapeur adorable qui est l’atmosphère même des poètes, chers aux jeunes filles.

Nous avons vu Irène toute joyeuse, — et toute surprise de l’être — à l’annonce d’une nouvelle en apparence bien triste.

On lui avait dit : « Tu resteras au couvent pendant les vacances. »

Et loin de se désoler, elle avait eu un mouvement de satisfaction tout au fond de son cœur.

Parce qu’elle pensait déjà depuis bien des jours :

« Je vais être heureuse entre mon père et Reynier, mais je n’aurai plus mon amie, la mère Marie-de-Grâce dont l’entretien, comme une ballade, chantée