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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/376

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tant la lutte lui parut inégale et la résistance impossible.

Mais il était brave de nature — et amoureux.

Non point d’une femme, fi donc ! L’amour d’une femme l’aurait laissé vaincu sous l’épouvante qui l’accablait.

Il était amoureux d’un éblouissement, — d’un Dieu !

La pensée du trésor le releva fiévreux, mais intrépide. Son sang glacé se réchauffa dans ses veines aux rayons de l’or.

— Deux fois, dit-il, c’est vrai. J’ai été frappé deux fois, mais deux fois j’ai échappé. Quelque chose me protège. Depuis vingt-quatre heures, je vis par un miracle. Le trésor m’a vu, puisque je l’ai vu. Il m’a choisi peut-être. Je suis prédestiné !

C’était comme une folie. Il eut la force de réagir contre elle, de même qu’il avait réagi contre l’écrasement de sa première terreur.

La réflexion naissait dans le milieu vrai qu’il faut tenir pour combiner le plan d’un combat ou d’une fuite.

Il baigna sa tête dans l’eau froide, puis il arpenta la chambre d’un pas ferme, éloignant les calculs hâtifs qui voulaient envahir sa pensée.

Au bout de quelques minutes, il était lucide et presque gai.

— Voilà ! dit-il en soulevant un petit coin du ri-