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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/4

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respecté à l’égal d’un sanctuaire et que la solitude de la rue Thérèse semblait abriter contre tous les tapages de la comédie humaine : clameurs de colère ou cris de plaisir.

Ah ! qu’il était glorieux alors, le toupet du roi-citoyen ! Et son chapeau gris ! Et son parapluie ! Je ne crois pas qu’il y ait eu de souverain plus populaire que Louis-Philippe d’Orléans. Son portrait était à la fois dans tous les journaux à images et sur toutes les murailles, un portrait qui représentait magistralement une grosse poire, déguisée par une paire de favoris anglais et qui était d’une frappante ressemblance.

On s’amusait avec ce cher roi, tout doucement, sans fiel, à la bonne franquette ; on l’appelait « M. Chose » ou « M. un tel, » ou encore « la meilleure des républiques ; » son fils aîné n’était connu que sous le nom de Poulot ; on avait fait à sa sœur la réputation de boire des petits verres : tout le monde lui tapait amicalement sur le ventre, en l’accusant de voler aux Tuileries comme dans un bois et d’avoir accroché, par une nuit bien noire, le cou de son vieil oncle, le dernier Bourbon-Condé, à l’espagnolette d’une fenêtre de Saint-Leu pour procurer une position au petit duc d’Aumale, charmant enfant d’ailleurs et fort intelligent.

C’était le bon temps. La Mode, le Charivari, la Caricature gagnaient un argent fou ; l’hiver, les ga-