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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/431

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vernant plus et incapable de résister à la tourmente.

Dans l’obscurité, déjà profonde, l’éblouissement des éclairs ne lui montrait rien que le sol plat et détrempé, où chacun de ses pas s’enfonçait jusqu’à la cheville.

Il avait perdu la route tracée. Un moment, il eut crainte de mourir.

Et dans ce trouble inouï qui ballotait sa pensée comme les éléments déchaînés secouaient son pauvre corps, un refrain de souvenir fatiguait incessamment sa cervelle

Il songeait à l’aventure de Reynier dans la campagne de Sartène, par une nuit pareille, par un orage semblable.

Cette idée le poursuivait et l’obsédait.

Deux ou trois fois la foudre lui laissa voir des masures éparses dans les champs. C’était à tout le moins un abri, — mais il passait, tout frissonnant sous ses habits qui ruisselaient.

Il avait peur de l’hospitalité inconnue.

Les noms des hôtes de Reynier lui revenaient en mémoire. Il avait peur de Bamboche, la mégère ivre, et de cet assassin à race de boule-dogue, que le jeune peintre appelait le Marchef.

Il tomba enfin, ou plutôt il se laissa aller, vaincu à la fois par la fatigue intolérable et par la douleur que lui causaient ses blessures rouvertes.