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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/439

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Elle n’avait pas peur d’aimer le frère de sa meilleure amie. Aimait-elle déjà ? Oui.

Mais ce qu’elle aimait c’était le danger inconnu qui couronnait cette pâle tête comme une auréole, c’était la vaillance vaincue, c’était le malheur prédestiné. Son imagination seule était prise.

Nous avons vu que le comte Julian avait livré la bataille décisive sur un autre terrain, mais pourtant, il n’avait point abandonné brusquement sa conquête. Il était dans sa nature de conserver, d’économiser ses ressources.

Il avait écrit à Irène, devenue inutile, pour réserver l’avenir.

Irène aurait porté longtemps le deuil de son premier rêve sans le choc soudain et terrible qui la frappait dans la réalité.

Ce fut Reynier qui lui apporta la funeste nouvelle, et leur commune douleur les rapprocha.

Lors de cette entrevue entre les deux fiancés, il y avait déjà cinq jours que Vincent Carpentier avait disparu.

Reynier, remuant ciel et terre, avait pu relever quelques vestiges vagues.

Des voisins avaient vu l’homme au costume de peintre-touriste remonter la rue de l’Ouest dans la direction de l’Observatoire.

Par hasard, une fillette qui posait habituellement