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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/54

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— J’aurai le temps de la rejoindre peut-être, pensa Vincent, dont le cœur battait.

Mais le colonel s’appuya familièrement sur son bras et dit :

— Bonhomme, j’espère bien que tu ne vas pas me laisser comme cela dans la rue. Je commence à ne plus être si ingambe qu’à vingt-cinq ans. Reconduis-moi jusque chez moi.

Impossible d’écarter une requête pareille, car le pauvre vieux tremblotait de la tête aux pieds. On prit la rue Ventadour pour gagner la rue Thérèse, sur laquelle s’ouvrait la porte cochère de l’hôtel Bozzo-Corona.

Quand le marteau eut été soulevé, le colonel donna une cordiale poignée de main à Vincent et lui dit :

— Allez vous coucher, mon brave camarade, et dormez bien. Dans la journée, de manière ou d’autre, vous entendrez parler de moi. Sans autre avis, huit heures sonnant, soyez à l’hôtel ; nous retournerons ensemble à ma maison de campagne.

La porte cochère était ouverte et le concierge accourait. Le colonel ponctua sa phrase par un signe de tête caressant et disparut.

Le premier soin de Vincent fut de prendre ses jambes à son cou et de regagner la rue Neuve-des-Petits-Champs à pleine course.

C’était, de sa part, un mouvement irréfléchi, car