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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/56

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comme s’il eût essayé de reconnaître des choses qu’il n’avait pas vues.

Il écouta pour saisir un son qui pût être un jalon. Il flaira le vent, — puis il eut un ricanement qui raillait sa propre impuissance.

Il tourna à gauche par l’allée des Veuves qui est maintenant l’avenue Montaigne.

Bien habile qui devinerait pourquoi un préfet alsacien, écolier en fait d’histoire et d’art, s’est avisé un jour de changer les noms pittoresques ou historiques qui marquaient la géographie de notre vieux Paris.

Biffer un nom, c’est assassiner un souvenir ; mais ces parvenus aiment de passion à voir sur leurs plâtres blancs des étiquettes neuves.

Et ce préfet qui dédaignait la légende parisienne, a fait d’ailleurs de grandes choses.

Paris est une solitude à ces heures matinales. Vincent traversa la Seine sans rencontrer âme qui vive. Il s’arrêta devant le Champ-de-Mars et dit tout haut, emporté par le labeur de sa méditation :

— Je suis sûr d’avoir reconnu la voix du cocher qui a prononcé ce mot : « Merci ! » dans la rue Neuve-des-Petits-Champs. J’en suis sûr !

Au lieu de suivre l’avenue latérale qui longe le champ de manœuvres, il s’engagea dans le terrain même.