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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/65

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l’avis de l’autre sexe regardait-elle Reynier comme un imbécile.

Cela ne l’inquiétait point.

Il ne le savait pas, et pourtant il savait bien des choses.

Irène prétendait qu’il savait tout.

Irène n’avait pas eu d’autre professeur pour apprendre à lire et à écrire. Où donc Reynier l’avait-il appris lui-même ? Il avait bien quelques vieux livres sur la planche de son grenier, mais il racontait de belles histoires qui n’étaient point dans ces livres.

Quand Irène était embarrassée pour sa broderie, Reynier, dont les mains étaient adroites comme celles d’une fée, se jouait de la difficulté.

Plus d’une fois, Vincent s’était moqué de lui, pour l’avoir trouvé maniant l’aiguille.

Mais quand Vincent avait à remuer un objet trop lourd, il appelait Reynier, à qui aucun fardeau ne résistait.

Cet enfant de quinze ans était fort comme un athlète.

Reynier ne gagnait rien chez son sculpteur en bois, et pourtant il avait quelque argent, car il faisait souvent des petits cadeaux de toilette à Irène. Son costume était toujours propre et porté avec une élégance native.

Après son père, Irène aimait Reynier. Reynier aimait Irène avant tout.