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heures du soir, un vieillard de haute taille, enveloppant sa maigreur frileuse dans une ample douillette, quittait le rez-de-chaussée de l’hôtel, occupé par les bureaux et montait d’un pas pénible et lent le grand escalier conduisant aux appartements du premier étage.

Il s’appuyait au bras d’un homme jeune encore, à la physionomie hardie et gaie, qui portait gaillardement un costume taillé à la dernière mode, en fort beau drap, mais où les couleurs se choquaient selon une gamme un peu trop voyante.

C’étaient le colonel Bozzo et son fidèle alter ego, M. Lecoq qui venaient de quitter leur travail quotidien, chacun d’eux pouvant dire assurément comme Titus : « Je n’ai pas perdu ma journée. »

Le colonel semblait parvenu déjà aux dernières limites de l’âge : nous disons déjà parce qu’il devait vivre encore longtemps ; mais nous ajoutons que ceux qui le connaissaient depuis vingt ans ne l’avaient point vu vieillir.

Sous la restauration, on lui donnait plus de quatre-vingts ans — déjà.

M. Lecoq était entre la trentième et la quarantième année, solidement pris dans sa taille robuste, et portant sur ses épaules carrées une figure un peu commune, mais singulièrement avisée. Ses lunettes d’or lui allaient comme si c’eût été un trait de son visage, et l’on eût été fâché de le rencontrer sans le