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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/79

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révoltait contre cette moquerie, et l’assit de force sur ses genoux en ajoutant :

— Tu sais, chérie, jamais il n’y a eu de prince ni de princesse si gentils que vous deux. Ne te fâche pas.

— Moi, prononça tout bas Reynier, ce n’est pas sa beauté que j’aime, ce ne sera pas son esprit ou sa science que j’aimerai. C’est elle, et ce sera elle ! Jamais je n’aurai qu’un amour en ma vie.

Les yeux de Francesca brillèrent, puis se baissèrent.

Elle aussi avait un fiancé dont l’image évoquée passa devant elle, rapide comme l’éclair. Elle pensa :

— Si l’amour est ainsi, je ne suis pas aimée.

— Et toi, murmura-t-elle à l’oreille d’Irène, est-ce que tu sens déjà ton cœur ?

— Moi, repartit la petite, je veux bien travailler et être savante pour le faire plus heureux.

— Alors, en route, décida Mlle Fanchette. Vous êtes de drôles de gens. Je suis fière comme si j’avais réussi dans une ambassade.

Carpentier avait passé sa redingote. Il offrit son bras à Francesca pour descendre l’escalier. Irène et Reynier venaient par derrière en se tenant par la main.

Les deux enfants étaient graves et muets. Carpentier dit à Fanchette :