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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/94

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Je te nomme mon architecte ordinaire. Tu vas me bâtir un hôtel pour Fanchette et son mari. Je t’ouvre un crédit chez J.-B. Schwartz et Cie, mon banquier, pour les avances. Tourne-toi que je te brosse ; il n’est pas tard, nous allons aller dans le monde, cette nuit.

L’heure était en effet beaucoup moins avancée qu’à l’ordinaire. On n’avait fait en quelque sorte aujourd’hui que « recevoir » les travaux achevés.

Pour la dernière fois, le bandeau fut mis sur les yeux de Vincent, qui essayait en vain de cacher son émotion.

— Tu es tout drôle ! fit le vieillard avec sa bonhomie moqueuse. On dirait que tu regrettes nos bonnes petites soirées en tête à tête. Ça ne m’étonne pas, fifi, je me suis toujours concilié la sympathie de ceux qui m’approchent. Mais sois tranquille, nous nous reverrons souvent. Mon intérêt est d’avoir sans cesse l’œil sur toi.

Au lieu du fiacre, ce fut une voiture de maître qui fit, à toute vitesse, le trajet accoutumé. Une voix inconnue, marquée d’un léger accent italien, adressa la demande réglementaire :

— « Avez-vous quelque chose à déclarer ? »

Un peu avant d’arriver, le colonel détacha le bandeau en disant :

— Voilà un chiffon qui a bien gagné ses Invalides, il ne servira plus.