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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/15

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Maurice s’était arrêté devant lui, les bras croisés ; Ses grands yeux bleus disaient le chemin que faisait sa pensée.

« À quoi songes-tu ? » demanda Étienne.

Maurice ne répondit point.

« C’est une belle chose à observer que l’inspiration ! dit Étienne. Je vois le drame au travers de ta boîte osseuse. Il est sombre, il est gracieux ; il est touchant, il est cruel… il est superbe !

— Écoute ! prononça tout bas Maurice, il n’y a point de sot métier. Molière a fait les Fourberies. Je vois une pièce avec Arnal, Hyacinthe et Ravel… Grassot, plutôt ! Tous les quatre… Je donnerais une boucle de mes cheveux pour avoir une bouteille de champagne ! »

Étienne le regardait la bouche béante.

« Quoique je ne connaisse pas encore ton idée, dit-il, je déclare qu’elle te fait honneur ! Quatre comiques ! Perge, puer ! À défaut de champagne, nous nous griserons avec notre esprit : verse !

— Voilà ! c’était dans la Patrie, journal du soir. Un négociant estimable, Grassot, reçoit une lettre de son correspondant de Pondichéry qui annonce un orang-outang mâle de la plus belle espèce. Effroi des dames ; Grassot les rassure par des considérations tirées de l’histoire naturelle : douceur connue de l’orang-outang, etc… Celui-là, du reste, doit être privé. La lettre a un post-scriptum. Au moment où Grassot va faire la lecture du post-scriptum, la porte s’ouvre et un valet annonce que la personne attendue de Pondichéry vient d’arriver avec son précepteur. Hilarité des dames et des demoiselles à l’idée du précepteur de l’orang-outang mâle. Faites entrer, dit Grassot. Entrée d’Hyacinthe, précepteur, et de Ravel, jeune nabab qui vient