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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/168

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mêlée. Aujourd’hui, sauf la noble Amérique et un peu la joyeuse Angleterre, tous les peuples dits civilisés sont convertis à des mœurs plus douces. Tout en admirant passionnément les neveux de Washington, ce peuple si jeune, si libre, si aimable et si uni, nos plus ingénieux philosophes reculent devant la religion du revolver-colt et du couteau-bowie, à l’aide desquels on arrange là-bas les procès. Ce faisant, nos philosophes subissent un restant de préjugés. La vieille Europe goutteuse et rhumatisante, répugne à ces exercices salutaires. Il y a bien le duel du pharmacien, qui conviendrait mieux aux personnes sédentaires, mais la loi entêtée persécute les pilules, et la médecine se fâche contre tout empoisonnement qui ne rentre pas dans le codex. Où donc trouver des armes pour livrer la bataille de la vie ?

À l’agence Lecoq, s’il vous plaît. M. Lecoq est une invention de ce siècle subtil, comme la photographie, le télégraphe électrique et tant d’autres chères choses. M. Lecoq fournit des renseignements, et puis ? Des renseignements encore, toujours des renseignements. Je vous prie de croire qu’un renseignement bien établi vaut trois ou quatre revolvers. Laissez seulement marcher nos sociétés intelligentes, vous verrez quelque jour Devisme et Le Faucheux, abandonnant les antiques machines qui ont besoin du fulminate ou du salpêtre, prendre brevet pour un nouveau système de renseignements à douze coups.

La guerre joue de son reste, vous devez bien le voir. Mars va clopin-clopant, le bon vieux grognard, dans le chemin qui mène aux Invalides, et Vénus, toujours jeune, s’étonne d’avoir eu des faiblesses pour un pareil grotesque. Savez-vous ce que ferait Vénus aujourd’hui, si elle ne se respectait, elle trahirait Mars pour Vul-