Aller au contenu

Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La main de M. Lecoq se posa sur son bras.

« Les opinions, dit-il avec un gros rire, je les respecte… et je m’en bats l’œil ! Que le roi soit ceci ou cela, peu importe ; il est le roi, pour le quart d’heure, et cela suffit à ma mécanique. Vous avez raison, le roi se moque des républicains ; il n’a qu’une épine au pied, c’est le faubourg Saint-Germain. Eh bien ! voilà : j’ai l’outil qu’il faut pour couper en deux le faubourg Saint-Germain.

— Comment l’entendez-vous ? demanda Gaillardbois.

— J’entends couper comme on coupe : faire d’une flûte deux morceaux muets, d’un homme une tête qui roule et un corps mort.

— Le roi a défiance des inventions… murmura le gentilhomme.

— Mon outil n’est pas une invention. J’ai l’humeur un peu vagabonde. Revenons aux Habits Noirs. »

Le marquis avait le cigare d’une main, l’allumette de l’autre. Il resta ainsi, bouche béante, à regarder M. Lecoq.

« Est-ce que ce serait une association politique ? balbutia-t-il.

— Combien cela vous vaudrait-il ? cher monsieur. »

Gaillardbois rougit jusqu’au blanc des yeux et mit le feu à son cigare pour avoir une contenance.

« Vous en êtes ! prononça lentement M. Lecoq. »

À de certaines profondeurs sociales ce sous-entendu fait partie de la langue courante. Dans les mystères, les initiés ne prononçaient jamais le nom de Dieu. Ici, c’est une déesse qu’on voile respectueusement : en être, signifie appartenir à la police secrète.

Le rouge qui couvrait les joues du gentilhomme fit place à la pâleur.

« Il n’y a pas de sot métier, reprit M. Lecoq. Je