Aller au contenu

Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— La baronne a-t-elle encore la cassette ? — Non. Il y a eu là-bas, sous vos fenêtres, une scène à la Beaumarchais.

— Tu y as assisté ?

— En loge grillée ; c’est mon état.

— Voyons ta scène : tu es un drôle de corps ! »

Trois-Pattes reprit posément :

« La femme est poursuivie par le mari. Elle entre, voilée comme une figure de deuil ; le mari est sur ses talons. Un homme passe dans la cour par hasard. La femme ne fait ni une ni deux, elle lui plante sa cassette entre les bras et disparaît.

« Donnez-moi cette cassette ! » crie le mari à l’homme qui reste tout ébahi.

« — Je vous le défends ! » répond une seconde femme non moins voilée et surgissant tout à point pour faire le coup de théâtre…

— Qui, cette autre femme ?

— La comtesse Corona, parbleu !

— D’où sortait-elle, celle-là ?

— De terre, apparemment. »

M. Lecoq appuya sa tête contre sa main.

« Et l’homme qui passait par hasard ? demanda-t-il encore.

— Le jeune M. Michel. »

M. Lecoq emplit son verre.

« À la bonne heure ! murmura-t-il. Tout va bien. »

Trois-Pattes le regarda boire en souriant. La main de M. Lecoq avait un tremblement fiévreux quand il reposa son verre sur la table.

« Elle a le secret ! gronda-t-il entre ses dents. Je veux le secret : ce vieil homme me le devait. Elle me détestait avant de balbutier le nom de sa mère. Elle est mon ennemie née. Tant pis pour elle !