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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/205

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âge, et dans mon humble état, pour prendre l’audace de briguer cette éblouissante alliance.

— Votre retraite nous a fort étonnés, dit la baronne avec un effort visible.

— Ces choses-là font plaisir ou peine, belle dame… Étonné est un mot de juste-milieu qui ne signifie rien. En tous cas, je reste votre ami, si vous voulez bien le permettre, et je conserve pour cette chère demoiselle Blanche une affection quasi-paternelle. Parlons de vous, et ne parlons que de vous. »

Il vint s’asseoir auprès de Mme Schwartz. Évidemment, ce n’était point la première visite qu’elle faisait à l’agence.

« Vous excusez ma robe de chambre ? belle dame, reprit M. Lecoq en s’étalant dans son fauteuil. Je suis sans façons, vous savez. Dites-moi : qu’est-ce que contient donc cette divine cassette ? »

Elle le regarda ébahie.

« Vous avez vu mon mari ! balbutia-t-elle.

— Pas encore, répliqua Lecoq.

— Alors, comment savez-vous ?… »

Lecoq affecta de jouer avec les glands de sa riche cordelière.

« Il faut nettoyer la situation, dit-il en homme qui laisse échapper malgré lui le fond de sa pensée. Il y a longtemps que nous nous connaissons, chère madame, et les gens qui font des comédies ont bien raison de dire qu’il reste toujours quelque chose d’un premier amour. Ne vous offensez pas ! Nous aurions maintenant des enfants grands comme père et mère. Et peut-être bien que vous ne seriez pas si près de ce bout de fossé ou l’on fait la culbute. »

Il avait tenu à la main, pendant toute son entrevue avec Trois-Pattes, l’autographe de Piquepuce, qui était