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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/214

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fecture. Chacun va à son but comme il l’entend, n’est-ce pas vrai ? Il y a des agents qui rôdent autour de vous, à Paris et à la campagne. Ce Domergue, un vieux et fidèle serviteur, joue au jeu de Fera-t-il jour demain ? »

La baronne laissa échapper un mouvement.

« Serait-ce pour votre compte ? belle dame, demanda M. Lecoq.

— Oui, » répondit-elle courageusement.

Sur le papier qui était devant lui, la main distraite de M. Mathieu venait de tracer ces mots :

« Une araignée qui tend sa toile… »

Elles vont de ci, de là, en effet, accrochant partout le fil gluant qui portera leur travail aérien. Au début, on ne devine pas la forme régulière de ce piège merveilleusement disposé. On dirait qu’elles travaillent au hasard. Mais bientôt la trame apparaît, laissant voir l’ingénieuse série de ses mailles concentriques.

Et tout ce qui veut passer au travers reste captif.

M. Lecoq salua la baronne et se tourna vers son mari.

« Je ne sais pas tout, dit-il. On ne sait jamais tout dès qu’il y a des dames. Ma seule prétention est d’en savoir assez pour vous donner un bon conseil, bon pour vous, bon pour moi, car vous pensez bien que je ne travaille pas ici en faveur du roi de Prusse. Nous reviendrons peut-être à l’ami Gaillardbois qui est en passe d’arriver ; allons de l’avant : Mme la baronne ayant un autre mari que vous, à votre connaissance, il ne vous étonnera pas d’apprendre que Dieu avait béni cette union et qu’un fils existe.

— Michel ? » murmura M. Schwartz, dont le visage s’éclaira franchement.

Il ajouta, en se tournant vers sa femme et avec l’accent d’une véritable passion :

« Madame ! Oh ! Giovanna, que ne le disiez-vous. »