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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/219

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bronze. M. Schwartz s’affaissait davantage à chaque coup de massue.

« Et qui a gagné à cette foire normande du mariage ? reprit M. Lecoq en atteignant sa pipe qu’il repoussa aussitôt avec un salut à l’adresse de la baronne. Vous êtes resté pataud, mon bon, et vous avez une des femmes les plus distinguées de Paris. Voilà dix-sept ans que vous l’idolâtrez. Elle a satisfait à la fois votre cœur et votre vanité ; vous êtes en reste, vous, l’homme de bourse, collé à la grande dame ! Ne vous plaignez pas, on vous rirait au nez. Ne parlez pas de séparation : votre union est nulle, ce qui fait votre fille bâtarde, ni plus ni moins, depuis la racine de ses jolis cheveux jusqu’à la pointe de son pied mignon !

— Tout cela est vrai, murmura le baron, tout cela doit être vrai, puisqu’elle ne proteste pas. »

La baronne dit :

« Tout cela est vrai. »

La poitrine de M. Schwartz rendit un gémissement.

La plume de Trois-Pattes traça quelques mots sur le papier, tandis qu’il grondait d’un accent étrange :

« Tu es témoin et greffier, et juge !

— Bilan général, reprit M. Lecoq en se mettant de plus en plus à son aise, tromperies partout. Première tromperie, côté du mari ; seconde tromperie, côté des dames. Mêlons et passons à quelque chose de bien autrement sérieux, quoi qu’en puisse penser ce pauvre M. Schwartz, que je croyais un homme et qui s’aplatit comme un tampon de linge mouillé. Bonhomme ! nous allons avoir besoin d’énergie, si nous voulons tirer notre épingle du jeu. Gaillardbois est un rude limier et il a le nez sur la piste. Il est capable de remonter jusqu’aux mille francs du chemin creux. Le colonel, votre commanditaire et votre client, était là-dedans jusqu’au