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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/255

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— Pas un shilling. Tout billets de banque.

— Ce Lecoq avait raison ! murmura André.

— Je ne sais pas en quoi, dit la comtesse, mais si c’est comme devin, il a toujours raison. »

André sourit encore.

Ils allaient dans la partie de la ruelle qui bordait les chantiers. La comtesse mit son bras sous celui d’André, et le pressa doucement.

« Je suis bien malheureuse, reprit-elle de sa pauvre voix qui tremblait, bien lasse et bien bourrelée. Tant que je suis avec vous, André, tant que je le vois, lui pour qui je donnerais ma part des joies éternelles, je ne peux pas chercher le repos dans la religion. La religion repousse celles qui ne veulent point se repentir. Et pourtant je n’ai pas d’autre refuge, André, il me faut le silence, la solitude, la mort… »

Elle frissonna en prononçant ce mot.

« Si j’allais mourir comme lui, sans confession ! » fit-elle avec horreur.

Puis, suivant le caprice de sa pensée, elle lâcha le bras d’André pour entr’ouvrir vivement les revers de sa robe, sous lesquels elle prit un cordon.

« Voilà pourquoi ils veulent me tuer ! dit-elle, tandis que ses dents se choquaient.

— Vous tuer, Fanchette ! » répéta son compagnon.

Elle se haussa sur la pointe des pieds, et lui passa autour du cou le cordon qu’elle tenait à la main.

« Avec cela, murmura-t-elle non sans une certaine emphase, si j’avais du courage et de l’espoir, je pourrais me défendre, car toute la ténébreuse association que vous combattez obéit à ce signe.

— C’est le scapulaire ! s’écria André vivement.

— C’est le scapulaire de la Merci ! dit la comtesse avec lenteur, le souverain secret des Habits