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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/291

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ment refermé les portes du sanctuaire, l’homme ôta ses lunettes bleues d’abord, puis ses larges favoris noirs, découvrant ainsi la mine effrontément résolue de ce grand M. Lecoq.

« Voilà une histoire ! dit-il en exhibant son butin. J’avais pris la peine de crocheter moi-même, comme un simple guerrier, la porte d’une voisine pour me procurer ce joujou-là.

— Voyons voir ! fit la galerie avec un empressement respectueux. »

Et Cocotte ajouta d’un ton caressant :

« Voilà ce qui fait le charme de M. Toulonnais-l’Amitié, c’est qu’il met la main à la pâte et qu’il ne joue jamais à cache-cache avec nous.

— Qu’est-ce que c’est que ça, patron ? demandèrent quelques voix curieuses.

— Ça, répondit M. Lecoq, c’est quatre millions en billets de la Banque de France à partager entre les bibis. »

Tous les yeux s’écarquillèrent.

« Mes petits amours, reprit M. Lecoq, on ne peut pas m’accuser d’avoir peur de me compromettre avec vous, hé ? Le colonel était de l’ancienne école, moi je suis de la nouvelle : se faire adorer, voilà la meilleure cuirasse.

— Et tenir un nœud coulant au cou des chéris, riposta Piquepuce. »

M. Lecoq lui adressa un signe de tête approbateur et répliqua en riant :

« Tu sais ce que parler veut dire, toi, bonhomme ! »

Tout en causant, il examinait minutieusement le brassard, qu’il tournait et retournait dans tous les sens.

« Régner à la fois par la force et par l’affection, voilà le programme de la nouvelle école, dit-il. Chacun