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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/303

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car partout le comique se glisse, par le panier de Trois-Pattes, que traînait un chien de boucher.

Les morts ont maintenant le boulevard du Prince-Eugène, bien commode pour aller tout droit au Père-Lachaise. En ce temps-là, il fallait faire le grand tour et prendre la rue de la Roquette à la Bastille. Nous avons à reproduire quelques-uns des entretiens qui égayèrent ce long voyage.

Dans la septième voiture de deuil, qui venait avant l’équipage vide de M. le baron Schwartz, deux hommes de grave apparence étaient réunis, tous deux ayant passé le milieu de la vie. Le premier était l’ancien commissaire de police Schwartz, père de Maurice, présentement chef de division à la préfecture ; le second, M. Roland, père d’Étienne, conseiller à la cour royale de Paris.

Leur présence à cette cérémonie et leur réunion dans la même voiture ne devaient point être attribuées au hasard dont le roman abuse. Ils étaient convoqués par un souvenir et rassemblés par une volonté mystérieuse. Ils ne s’étaient pas rencontrés depuis dix-sept ans.

Au moment de quitter l’église, un homme de deuil les avait pris et avait refermé sur eux la portière de la voiture.

M. le conseiller Roland disait, comme le cortège passait devant les théâtres :

« Je n’ai même pas besoin de me réfugier dans ma conscience ; mon savoir et mon expérience me l’affirment. Cet André Maynotte était coupable.

— Et pourtant, répliqua l’ancien commissaire de police, ces souvenirs vous agitent… »

M. Roland garda le silence. Il était, en effet, visiblement ému.

L’ancien commissaire de police reprit :

« Je n’ai pas beaucoup de savoir, mais je crois pos-