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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/306

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— Que décidez-vous pour la razzia des Habits Noirs ? » demanda le marquis.

L’Inconnu haussa les épaules avec dédain.

« Rien, dit-il. En fermant la main, nous ne saisirions que du vent. L’affaire du fils de Louis XVII est bien autrement jolie.

— Jolie ! » répéta le marquis.

L’autre était un véritable amateur. Ce mot joli le prouve. Il souriait et caressait avec distraction la chaîne de sa montre.

« C’est absurde, au fond, reprit-il, mais le roi l’a écouté.

— Ah ! s’écria Gaillardbois, Lecoq a vu le roi !

— Est-ce qu’il ne vous a pas payé son entrée ? Oui, il a vu le roi : une audience, une entrevue, un commérage, ce que vous voudrez, qui a duré deux grandes heures d’horloge.

— Qu’a dit le roi ?

— Heu ! heu ! le roi parle à côté, vous savez. Il paraît qu’il y a des malles pleines de preuves, de titres, d’actes de notoriété, de témoignages. Richemond, Naundorf, Mathurin Bruneau ne sont rien auprès de ce Dauphin-là ! Il y a des lettres du pape, de Louis XVIII, de la duchesse d’Angoulême, des lettres de Péthion, des lettres du roi d’Angleterre et de l’empereur de toutes les Russies, des lettres de Bourrienne, aussi, et des lettres de Charette ! C’est tout bonnement éblouissant !

— Qu’est devenu son père ? demanda le marquis.

— C’est le secret de M. Lecoq.

— Et quel avantage le roi pourrait-il retirer ?… »

L’Inconnu l’interrompit d’un regard.

« Ah çà ! murmura-t-il, vous ne savez donc rien, vous !