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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/377

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— J’affirme… » commença M. Roland.

André l’arrêta d’un geste.

« Vous êtes gens d’honneur, répéta-t-il, et il me plaît d’être encore une fois entre vos mains. J’ai bien souffert pour attendre l’heure qui sonne à l’horloge de la justice divine. Vous ne pouvez rien pour moi. Je n’attends de vous qu’un témoignage muet ; témoignage qui n’ira point devant un tribunal, car aucun tribunal, présidé par un homme, ne me verra jamais vivant. J’ai parlé de vos consciences ; nous voici trois consciences : c’est aussi un tribunal. Suivez-moi, écoutez, voyez et jugez. »


XI

Chambre noire.


« Les banquiers, dit Échalot, dont la douce gaieté brillait d’un plus vif éclat quand une bouteille ou deux de mauvais vin cuvait dans son estomac habitué à la sobriété forcée, les banquiers, c’est tous filous, pas vrai, Saladin, trésor ?

— Comme quoi, répliqua Similor, l’enfant n’est pas d’âge à te répondre que les progrès de la société est faite pour supprimer les inégalités de la fortune, dont les banquiers de la Bourse c’est la sangsue insatiable toujours altérée de nos sueurs… Allume, bibi !… Es-tu satisfait d’appartenir à cette entreprise-là ? »

Ah ! je crois bien qu’il était content, ce bon, ce sensible Échalot ! La terrible aventure de la femme tuée avait jeté un instant du sombre dans sa vie, mais Similor, plus homme du monde, lui avait fait sentir aisé-