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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/394

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de son front, a deux ou trois licous autour de la gorge. Sans cela, le colonel aurait eu beau dire et beau faire, André Maynotte serait depuis longtemps au fond du canal… Reprends ta besogne, je tiens bon ; auquel en es-tu ?

— Au neuvième.

— Attends ! »

Il y eut un moment d’arrêt, et Trois-Pattes demanda tout bas :

« Est-ce que vous avez entendu quelque chose, patron ? »

M. Lecoq avait tressailli de la tête aux pieds.

« Non, répondit-il d’une voix profondément altérée ; mais…

— Mais quoi ? »

Trois-Pattes, toujours accroché, sentit la main de son compagnon passer rapide et tremblante sur son crâne et sur ses joues.

M. Lecoq acheva d’un accent épouvanté :

« Qui êtes-vous ? »

L’estropié saisit sa main en éclatant de rire.

« Pas de bêtises, patron ! s’écria-t-il. Voilà que vous avez idée de jouer du couteau !

— Qui es-tu ? » répéta Lecoq, faisant effort pour dégager sa main.

Trois-Pattes, tout en luttant, riait comme malgré lui.

« Il n’est donc pas permis de se rapproprier pour aller dans le monde ? dit-il. Je me suis fait raser et tondre, patron ; nous avons perdu cinq minutes. »

Lecoq reprit sa position première en grondant sourdement et dit :

« Tu as raison. Marche !

— Vous savez pourtant bien que c’est moi, patron ! fit l’estropié qui recommença aussitôt sa besogne.

— Je donnerais vingt-cinq sous, bonhomme, répliqua