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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/401

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nieux s’attribuait ainsi la part du lion, tout en ayant l’air d’abandonner à ses frères comme don de joyeux avènement, la totalité de la capture.

Et cette pierre portait deux coups, selon le dogme fondamental de la Merci. Chaque billet faux devenait entre les mains des affiliés un lambeau de la robe de Nessus.

L’intérêt de Lecoq, riche désormais et désireux de monter à des niveaux supérieurs, était d’anéantir l’association des Habits Noirs.

Il faisait sauter le navire, après s’être mis au large.

L’intérieur de la caisse était bourré de billets : ceux-là sincères et qui devaient hisser M. Lecoq au rang de protecteur d’un prince.

Notez que, sans l’intervention de Trois-Pattes, Lecoq eût accompli d’emblée ce vol hardi et merveilleusement combiné. La maison Schwartz, la police et les Habits Noirs eux-mêmes n’y auraient vu que du feu. Les soupçons, habilement détournés, se seraient portés sur ceux qu’il avait marqués d’avance pour payer à la loi cette nouvelle dette, et le brassard, faux témoin pour la seconde fois, eût fourni un pendant aux débats de la cour d’assises de Caen.

Toutes les mesures étaient prises ; il savait par cœur cette caisse qu’il avait deux fois brocantée, et qui était son cheval de Troie ; il avait le temps ; il était passé maître en fait de serrurerie, et il eût été loin déjà, c’est-à-dire se pavanant dans les salons Schwartz, au coup de deux heures, fixé pour l’attaque de Cocotte et de Pique-Puce.

Quant au baron, il ne devait s’occuper de sa caisse qu’au moment de partir, c’est-à-dire après le bal.

Et pourquoi partir ? M. Lecoq avait fait naître la panique dans un but qui se trouvait atteint. La maison