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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/41

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plume s’échappa des mains d’Étienne, qui resta tout tremblant. Maurice, plus brave, s’était mis sur ses pieds et faisait déjà tête à l’ennemi.

L’ennemi était double. Il y avait deux pauvres diables debout devant la porte qui s’était ouverte et refermée sans bruit : Échalot et Similor, à qui leurs chaussons de lisière donnaient un pas de velours ; Échalot portant au dos Saladin, Similor marchant libre dans la vie ; assez crânes tous deux, en apparence, mais montrant le bout de l’oreille de l’embarras, pâles, émus, le chapeau à la main et le regard errant.

Échalot remonta son nourrisson, comme un sac militaire, pour se donner une contenance. Bien que la faible créature ne criât pas pour le moment, il lui ordonna de rester en repos. Similor toussa sec et haut.

« Voilà ! dit-il, assurant sa voix de son mieux. Échalot et moi nous sommes des jeunes gens pas fortunés, avec des charges, prêts à tout pour nous ménager une position plus heureuse que la nôtre… et à notre enfant de l’amour, innocent des fautes de sa mère. On a pu faire des farces d’adolescent à l’époque, coups de tête, bamboches et autres. C’est l’imprudence de cet âge-là. Mais on veut se ranger, bon pied, bon œil, au petit bonheur, et l’on est décidé à travailler ensemble sous vos ordres jusqu’à la mort !

— Voilà ! répéta Échalot avec noblesse. Et la paix, Saladin, pierrot !