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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/52

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respectable… et j’ai vu de bien jolis jeunes gens que les mauvaises fréquentations menaient où ils ne voulaient point aller. »

Étienne dit à son tour et très sèchement :

« Je vous remercie, monsieur.

— Pas de quoi… à votre service. Reste à savoir comment j’ai appris que vous étiez auteurs. Ce n’est pas malin. J’habite une chambre où l’on entend les trois quarts de ce que vous dites…

— Nous changerons de logement ! s’écrièrent en même temps les deux amis.

— Et les deux termes ?

— Vous savez aussi ?…

— Je sais à peu près tout. Quand vous ne travaillez pas à Sophie, Édouard et Olympe Verdier, vous causez de vos petits embarras. Je ne compte pas trop sur votre lettre de change, au moins. M. Michel est franc comme l’or, mais quand on sort si matin et qu’on rentre si tard… Ça n’offre pas beaucoup de prise, non. Mais voyons : combien me donneriez-vous, j’entends sur vos droits d’auteur, si je vous apportais une machine toute faite pour le théâtre de l’Ambigu ?

— Rien, répondit Maurice, nous faisons nos pièces nous-mêmes.

— Vos pièces ! répéta M. Bruneau ; en avez-vous donc beaucoup comme ça en magasin ?

— Je ne permettrai pas à un homme comme vous… commença le joli blond qui avait ses raisons particulières de perdre patience.

— Je suis un homme comme tout le monde allez, interrompit M. Bruneau à son tour avec une mansuétude si parfaite, que Maurice eut la parole coupée. »

Étienne, cependant, lui disait tout bas :

« Il est bête comme une oie, tu vois bien ! Ne vas-tu