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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/66

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faire écrire et signer ce qu’on veut, n’est-ce pas ? on connaît cela au boulevard. Je crois bien que John Mason ne jouait plus au backgammon depuis longtemps. Quand sa femme vint le rejoindre, que se passa-t-il ? elle annonça par lettre, la mort de son mari au notaire de Londres et demanda de l’argent à son tour, encore de l’argent.

L’Habit-Noir a manié, en sa vie, plus d’or qu’il n’en faudrait pour acheter Paris.

Mais il y a autour de lui une armée, et cela coûte cher.

Le notaire de John Mason reçut une dernière lettre de la veuve. Elle ne ressemblait point aux autres et contenait quatre lignes seulement, annonçant « son évasion miraculeuse. » Vous voyez bien qu’il y avait une prison ! Mistress Mason n’entrait, du reste, dans aucun détail ; elle se bornait à dire que, libre maintenant, elle allait s’adresser à la justice.

Comme elle craignait la mer, elle entreprit le voyage de Calais à travers la France. Elle fut assassinée dans une auberge de Caen.

Pourquoi Caen ? ce n’était pas sa route.

On arrêta l’assassin.

L’Habit-Noir fut mis sous clef pour la première et la dernière fois de sa vie. Était-ce bien l’Habit-Noir ? Cela est de tradition à la prison de Caen, et ce fut de son propre cachot qu’André Maynotte s’échappa cinq ou six ans plus tard, par une fenêtre dont les barreaux étaient sciés d’avance, du fait de l’Habit-Noir.

Toulonnais-l’Amitié s’était mis à la poursuite de la comédienne. Son maître l’avait suivi. Ils revinrent tous deux, longtemps après, par une nuit noire, avec un étranger qui hérita sans doute de la chambre à coucher de Mason. Les lettres que L’Amitié mit alors à la