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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/9

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Deuxième jeune homme, pipe de porcelaine, cheveux châtain cendré, légèrement crépus, tête ronde, cou robuste et bref, nez retroussé, œil éveillé, bouche naïve, vingt-deux ans, barbe à la Périnet-Leclerc qui ne lui va pas bien. Il se nomme Étienne.

L’autre a nom Maurice et sa moustache naissante lui sied à merveille.

Étienne et Maurice forment une paire d’amis comme Échalot et Similor. Le mélodrame, fléau de Paris, les a mordus aussi cruellement que les deux protecteurs de l’enfant de carton, Saladin, mais d’une autre manière. Ce sont des gobe-mouches d’un ordre supérieur ; ils ont l’honneur d’être auteurs en herbe et mettent leur imagination à la torture pour trouver une de ces innocentes machines, câblées, vissées, boulonnées, qui font sangloter, chaque soir, au marché des émotions ressemelées, les sauvages les plus civilisés de l’univers.

Ah ! c’est un métier difficile encore plus que celui de gendarme ! Mais ils ont de l’esprit à leur façon, beaucoup de mémoire et peu de sens commun : avec cela, on va loin au théâtre, si la funeste idée d’écrire en français ne vient pas se mettre en travers de la route !

La porte unique qui communiquait avec la chambre de Michel était peinte en brun pour former tableau. On y lisait, écrit à la craie, ce titre flamboyant du chef d’œuvre en construction :

LES HABITS NOIRS.

Et au-dessous ;

Personnages de la pièce :

Olympe Verdier, grande coquette, 35 ans ;

Sophie, amoureuse, 18 ans ;