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Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/149

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HORS DU PALAIS.


Québec, 18 juin 1867.


Je vous ai promis de vous raconter comment j’avais plaidé ma première cause ou plutôt comment je ne l’avais pas plaidée. Il n’y a rien air monde de plus désert qu’un bureau sans clerc et de plus désœuvré qu’un avocat sans client. Or, je n’avais point de client et j’étais mon propre clerc. Presque tous les avocats ont connu cette époque critique et cependant joyeuse, ce bureau solitaire et cependant habité par les plus belles espérances.

Mon bureau avait l’air d’une cave. Par la fenêtre, l’unique fenêtre, on voyait le bas du pantalon des passants, des clients qui passaient devant la porte sans entrer. On y venait prendre le frais l’été, dans ce bureau. Cela faisait l’effet de la campagne à ceux qui n’avaient pas la monnaie nécessaire pour traverser le fleuve ou les jambes assez bonnes pour grimper sur les collines.

De temps à autre, des confrères qui n’avaient pas plus de clients que moi, venaient me demander si je n’en avais pas à