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Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/176

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jeune fille peut écrire à une autre ? C’est à toi qu’il faut que je demande des nouvelles. Dis-moi bien vite que tu vas te marier à ton retour ; cela me fournira un sujet de réflexions pour mes soirées. Si j’étais mariée, mon plaisir serait de marier les autres ; j’emploierais mon jeune époux à chercher, parmi ses connaissances, des maris pour mes amies.

On ne rencontre que des veufs sur la Plateforme ; encore, pas des veufs pour tout de bon. Leurs femmes ressusciteront au mois de septembre.

On nous promet pour la semaine prochaine un magicien qui fera flotter dans l’air une tête humaine. J’ai hâte de voir ça. Je serais curieuse de savoir où cette tête va se poser lorsqu’elle est lasse de se promener ainsi dans les airs ; je serais encore plus curieuse de connaître l’homme qui prête ainsi sa tête au magicien.

Pourvu que cette tête si bien douée ne soit pas parmi les effets du magicien qui viennent de brûler ! Ça ne doit pas être facile à remplacer !

En attendant le magicien, on nous fait de temps à autre le vacarme dans les rues avec le télégraphe d’alarme. Il paraît que ce curieux instrument ne joue que les soirs où il n’y a pas d’incendie.

Nous avons des feux comme à l’ordinaire. Un jeune voyageur autrichien, dont j’ai fait la connaissance l’autre jour, me disait qu’il n’avait jamais vu d’incendie. Je lui ai dit que s’il voulait bien prolonger son séjour dans nos murs, il ne tarderait pas à perdre sa douce ignorance à ce sujet. Il a été servi à souhait ; il y en a eu deux : l’un ici, l’autre à Lévis.

Je ne sais pas si c’est mon voyageur autrichien qui a mis le feu pour ne pas partir sans avoir assisté au spectacle qui piquait sa curiosité. Dans tous les cas, je suis bien sûre qu’il a été mis, car on ne me fera jamais croire que le feu prend si