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Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/179

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LA LUNE DE MIEL.


Québec, 2 mars 1868.


Le Bas-Canada est heureux : il méritait bien de l’être. La Législature que le peuple nous a donnée, par la grâce du parti conservateur, a répondu à nos désirs et dépassé nos espérances. Nous l’avions rêvée douce et pure, accomplissant avec une fidélité modeste ses devoirs d’épouse d’un peuple qui compte sur l’agriculture pour vivre et sur la colonisation pour s’enrichir, sa tâche de mère d’une jeune génération, dont le seul espoir de fortune jusqu’ici est la bourse de cinquante piastres attachée au certificat de première classe à l’école militaire. Le petit ménage devait habiter une chaumière, sur les bords du St.-Laurent, près du rivage où M. Chauveau trouva Charles Guérin, dans le creux d’un rocher, un beau soir d’été.

On prenait plaisir à se figurer la jeune épouse, sage, modeste en ses goûts, n’allant guère dans le monde et ne songeant qu’à tenir bien propret son petit logis. Et, cependant, l’on craignait fort que le mari ne fût point en état de suffire