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Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/182

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derniers jours de la carrière publique de M. Baldwin ; nous avons creusé la fosse où dort M. Brown.

Quoi qu’il en soit, à peine notre ancien compagnon nous eût-il perdu de vue, le jour de l’avènement de la Confédération, qu’il se mit à faire des gorges chaudes sur notre compte et çà tenir les propos si blessants rapportés plus haut.


C’est sous l’impression de ces fâcheux pronostics, en proie à des doutes cruels, que nous avançant, comme c’était notre devoir, jusqu’au seuil du régime fédéral, nous attendîmes avec émotion l’apparition de la nouvelle Législature qui allait être, durant quatre ans, notre compagne, et de laquelle dépendrait, en si grande partie, notre bonheur, notre repos.

Quelle n’a pas été notre surprise, notre joie, lorsqu’au lieu de l’humble créature, de la pâle jeune fille, que l’on nous avait annoncée, nous avons vu entrer, au bras du gouvernement, une fort belle personne qui, comme distinction, élégance et bonne tenue, ne le cédait en rien à la grande dame fédérale d’Ottawa, ni à la noble veuve qui fut autrefois la plus tendre moitié du Canada-Uni !

Sa physionomie, jeune et fraîche, avait, du reste, ainsi qu’il était naturel de le prévoir, bien des traits de ressemblance avec celle de ses aînées ; mais on remarquait en elle quelque chose de plus avenant.

De suite, tout le monde fut touché, séduit. Tous ces hommes politiques blasés, ces journalistes sceptiques qui étaient là tombèrent amoureux. Les plus autorisés déclarèrent que, de leur vie, ils n’avaient vu de personne aussi accomplie.

La session n’a été qu’une longue scène d’amour.

Le Haut-Canada a été fort étonné d’apprendre que nous étions si bien mariés et si heureux. Cela ne durera pas.