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Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/200

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Le jeune abbé se promet de donner quelques conseils a Mgr Dupanloup.

Le littérateur veut étonner le vieux monde à l’aide des brillantes productions de notre jeune Muse.

L’avocat déclare qu’il fera remarquer à Berryer et à Jules Favre, qu’ils se préoccupent trop de la forme et que, dans nos tribunaux, on arrive plus vite au fait.

L’homme d’état s’interroge pour savoir au juste ce qu’il ferait à la place de Boulier ou de Disraeli.

Plusieurs parlent de reprocher à la France moderne de ne pas parler, comme nous, la langue du dix-septième siècle.

Nos aveugles parents, nos amis enthousiasmés, nous crient, au moment du départ, en agitant le mouchoir humide des adieux :

— Reviens membre de l’Académie Française !

— Ramène-nous une princesse russe !

De la main, on fait un petit signe d’adhésion. C’est entendu.


Durant le voyage, vous employez les longues heures du bord à se représenter l’accueil qui nous attend de l’autre côté de l’Atlantique.

— Peut-être, se dit-on, que le Paris moderne, le Paris de Napoléon III et de M. Haussman restera indifférent et froid. Mais la vieille France, la France de Racine et de Corneille, tressaillera. La nouvelle de l’arrivée d’un Canadien au Havre se répandra rapidement dans tous les châteaux de la Bretagne et de la Normandie. Les vénérables douairières diront aux marquis, leurs fils, de m’inviter à chasser le cerf sur leurs terres. On me préparera des fêtes ; on songera à me retenir au milieu de cette jeunesse française qui a dégénéré, et à laquelle j’infuserais un sang nouveau.

Vous arrivez en France.