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Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/209

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LES VISITES DU JOUR DE L’AN.


Montréal, 7 janvier 1875.


Depuis que je donne des jouets au lieu d’en recevoir, je trouve que tous les Jours de l’An se ressemblent d’une manière, je ne dirai pas frappante, mais ennuyeuse. C’est à croire que c’est toujours le même Jour de l’An. Il se recommence avec une exactitude mortelle. Pas une fleur de plus, pas un glaçon de moins,

Les enfants changent de jouets, les hommes gardent toujours les mêmes. On n’a encore rien inventé de plus drôle pour ce jour-là que les visites. On le passe cependant à se souhaiter du plaisir. Douce ironie ! C’est comme si l’on disait : Amusez-vous, je m’ennuie ; réjouissez-vous, je fais ma corvée.

Tout le monde se plaint des visites et tout le monde en fait. On gémit du nombre de gens qu’il faut aller voir, et chaque année on ajoute à sa liste quelques nouvelles connaissances. Ici, c’est un homme qui donnera des bals cet hiver et que votre femme vous a recommandé de ne pas oublier ; là, c’est un caissier que votre intérêt vous dit de ménager. La