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Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/225

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soit, il faut que tout le monde y passe, même les plus gros. (Approbation générale.)

L’Orateur — Je crois, messieurs, qu’avant tout, il faudrait nommer un président et un secrétaire. Il n’y a que les assemblées organisées qui aient de la puissance. Ainsi le discours de l’honorable citoyen qui vient de parler, était irrégulier et déplacé, quoique très-bien au fond. Je propose donc pour régulariser nos délibérations que nous le nommions président et que son élection soit considérée avoir précédé son discours. Quant au secrétaire, je ne veux pas dicter votre choix.

Quatrième Électeur. — Je propose que ce soit M. Paul, comme il a une bien jolie écriture.

l’amoureux. — Je propose plutôt M. l’orateur.

L’Orateur. — J’accepte, Messieurs. La première chose à savoir, maintenant, c’est quelle somme notre candidat consent à dépenser pour son élection. Vous n’ignorez pas plus que moi, que le temps où un candidat n’avait, pour être élu, que des visites à faire aux principaux citoyens, et dix paroles à dire le jour de la nomination, est déjà bien loin de nous. On ne se rend plus tout seul au poll. Il faut deux témoins à un vote, comme à un mariage. Il faut préparer le vote par un coup d’appétit, et le faire suivre d’un coup de digestion, On corrompait autrefois avec des poignées de main et des saluts ; cette innocente corruption a fait place à la corruption des festins. Il faut nourrir les principes de ses électeurs pour qu’ils se conservent ; il faut surtout les arroser pour qu’ils poussent. Je pense que nous sommes tous d’accord sur ce point.

Le Candidat. — Cependant, Monsieur…

L’Orateur. — Pas de cependant, Monsieur, ce qui fait perdre une élection, c’est l’économie ; économie d’argent, économie de promesses ; économisez, et vous me direz après les polls, le chiffre de votre minorité.